Sur la route

<< Fin octobre  Novembre 2002   Décembre >>

13 novembre 2002 (mercredi), Téhéran

Toujours à Bukhara, nous jouions fréquemment au freesbee avec Ron et Dom devant et/ou à l'intérieur des grands monuments historiques.

Les locaux, y compris les policiers et les gardes, ne connaissant pas le freesbee, sont très intrigués, ils adorent nous regarder, nous les faisons parfois participer aussi, cela les change des touristes en groupe. Nous nous disions que si nous avions un boomerang, on pourrait le faire tournoyer autour des minarets (et la surprise des locaux serait encore plus grande).

Cela nous a permis de créer des liens avec les locaux qui parlent anglais, français, il s'agit de ceux qui font affaire avec les touristes : vente de tapis, petits souvenirs, boissons fraîches, ... Il y a des jeunes filles et garcons de moins de 15 ans très étonnants qui parlent couramment 3-4-5 langues étrangères : ils vont plus ou moins à l'école et apprennent les langues étrangères au contact des touristes.

J'ai aussi passé une matinée entière à suivre des touristes locaux venus admirer la beauté de Bukhara, j'ai pris beaucoup de photos (voir sur la page de fin octobre), ils étaient tous absolument resplendissants.

Audrey, une française aventurière rencontrée à Bukhara, qui est allée seule en Afghanistan et Tajikistan, m'avait recommandé une famille d'accueil chez qui je loge ici à Bukhara. Ma relation avec eux est sympathique mais certes limitée : je paye environ 2 usd par nuitée (toujours après négociation). Bonne route Audrey.

Je me levais quand je me levais, petit café au pied des marches devant la maison, petite toilette, avant de sortir dans la vieille ville, rencontrer les amis, discuter, plaisanter, ...

Il y a essentiellement des touristes en groupe dans ces villes historiques comme Samarkand et Bukhara, avec qui le contact est moins évident : ils ont un itinéraire, ils sont pressés par le temps et les contraintes liées au voyage organisé.

Je cherchais des touristes individuels comme moi, afin d'échanger, mais ils étaient rares. Mes amis locaux, qui comprenaient la situation, m'indiquaient parfois qu'un backpacker était descendu à tel ou tel hôtel, afin que je puisse le rencontrer.

J'allais déjeuner dans le bazar, dans un petit restaurant local très bien.

Et puis le soir vers 16-17h, j'allais jouer au football (excellent moyen d'intégration culturelle) sur un terrain de la nouvelle ville que j'avais trouvé par hasard. Très bon accueil et respect des jeunes. Ils faisaient parfois des tournois de rues, auxquels je ne pouvais participer (ils jouaient de l'argent), je jouais régulièrement avec les jeunes d'une rue, les supportais, parfois ils m'invitaient dans leur rue à rencontrer les autres habitants.

Ensuite, petit tour à l'internet café et retour à la vieille ville où je logeais. Allais diner à l'extérieur dans l'un des deux restaurants ouverts le soir, à discuter, plaisanter avec les amis d'ici.

J'allais aussi rencontrer des amis musiciens, dont les ateliers de confection etaient dans un caravansérail, ils confectionnent leurs instruments et j'assistais à la fabrication, à l'essai des instruments et ils finissaient toujours par chanter des musiques et chansons locales avec un très fort enthousiasme pour me faire partager leurs longues traditions.

Je quitte Bukhara après 10-12 jours, adieu triste à tout le monde ici.

Direction la frontière turkmène avec une certaine appréhension, à cause du racket officiel organisé par le gouvernement turkmène. Je suis un peu sur mes gardes, la première fois réellement depuis le début du voyage .

Pas de problème du côté ouzbèke, ils essaient de me demander 10 usd pour un enregistrement d'hôtel quelconque, ils comprennent vite qu'avec moi ça ne marche pas. En effet, à force, j'ai appris à déjouer leurs ruses.

Côté turkmène, tout va très vite jusqu'à l'enregistrement de la moto et les taxes absurdes à payer : 68 usd pour un simple passage en transit et cela a pris 3 heures pour tout régler ! Tout ceci est officiel, sur décret du président, avec tout un tas de factures. Impossible de négocier.

Cela me permet de faire connaissance avec les chauffeurs de camions iraniens qui rencontrent les mêmes difficultés, il y en a beaucoup qui transitent d'Iran par le Turkménistan pour rejoindre les républiques d'Asie Centrale. Ils me donnent des infos sur les routes, m'invitent à partager leurs repas, je les retrouve plus tard sur la route qui nous mène à Mary, puis nos directions diffèrent.

Dois payer 150 (cent cinquante!) fois le prix local pour le passage d'un pont branlant, incroyable. Les chauffeurs iraniens protestent en vain.

C'est la politique du pays et de son président de taxer au maximum les voyageurs motorisés, super ! Il y a le portrait du président absolument partout.


Désert au nord du Turkménistan, près de la frontière ouzbèke à côté de Bukhara.

Je traverse mon premier désert qui mène de la frontière à Mary et fais une halte dans un petit restaurant au bord de la route pour dîner et finalement pour dormir. Au bout de 2 heures, le chef me montre une sorte de guest book, essentiellement rempli par des voyageurs étrangers, surtout à vélo et moto, super intéressant : anecdotes, ...

A Ashgabat, je loge une nuit au Sheraton, la grande classe : à Tashkent, j'avais rencontré par hasard le directeur du Sheraton Tashkent qui voulait que je loge au sein de son établissement mais j'étais bien dans mon petit hôtel, il me propose donc l'invitation au Sheraton Ashgabat que je n'ai pas refusée.

J'ai aussi dormi une nuit chez l'habitant.

Ashgabat est une ville moderne avec d'immenses bâtiments somptueux construits sur ordre du président. Bien sûr Bouygues est présent.

Merci à l'accueil de Bernard au sein de l'Ambassade de France à Ashgabat.

Départ sous une forte pluie direction l'Iran, je suis obligé car mon visa turkmène expire, pas de problème des deux côtés de la frontière. Pour la première fois, du côté iranien, j'utilise le Carnet de Passage en Douanes, qui est obligatoire en Iran.

Frustré de quitter le Turkménistan sans vraiment le connaître, je n'ai pu obtenir un visa touristique et ai obtenu un visa de transit. Aussi, d'autres voyageurs m'avaient signalé que le Turkménistan était sans grand intérêt, c'est un peu l'opinion que je partage. Aussi content de le quitter, à cause de ce régime politique spécial dicté par son président plus que spécial. Les Turkmènes m'ont donné l'impression d'être moins ouverts et enthousiastes que les autres peuples d'Asie Centrale.

Je suis très heureux d'arriver en Iran, tous les Iraniens rencontrés jusqu'à présent en dehors de l'Iran sont merveilleux.

Toujours sous la pluie, je décide de faire halte non loin de la frontière dans une petite ville. Alors que je cherchais un hôtel, un jeune m'invite chez lui à rester pour la nuit.

Je repars le lendemain matin, direction Mashad, la grande ville sainte d'Iran, le premier lieu de pélerinage du pays. En tant que non musulman je ne peux visiter que des endroits très limités du sanctuaire, accompagné d'un guide gouvernemental. J'aurais pu passer outre (comme d'autres touristes) mais ne l'ai pas fait par respect pour la religion et les pélerins. Le guide me dit que je peux devenir musulman après une journée d'apprentissage. Je quitte l'endroit légèrement déçu, car l'endroit est absolument grandiose et magnifique (mosquées, medressas, ...), il s'agit du sanctuaire ou Astan e Qods e Razavi.

Fais une excursion un après-midi à Torqabeh, petite ville fruitée, avec Nicolas un voyageur ESCP, rencontré à Mashad. Bonne route à toi, notamment en Afghanistan.

Il y a un certain nombre de jeunes diplômés français des Grandes Ecoles qui voyagent comme ça. En Mongolie, j'avais rencontré 3-4 EM Lyon qui faisaient un tour du monde d'un an en 4X4 sur fonds d'environnement, ils avaient obtenu environ 80 000 euros de sponsors. 2-3 ESCP font un tour du monde sur fonds de fêtes en 4X4 avec un budget énorme, Megan les a rencontrés en Corée du Sud. Bonne route à eux. Enfin, ces voyages sponsorisés se préparent, demandent beaucoup de travail avant, pendant et après, il y a des contraintes.

Il fait nuit de plus en plus tôt, ici vers 17h30, c'est étrange, je préfère lorsqu'il fait nuit tard. Il faut probablement se lever plus tôt alors !

Je ne parle pas le farsi, la langue d'Iran. Je me rends ainsi compte que c'était un sacré avantage de parler russe en ex-URSS, cela aide énormement.

En deux jours, j'arrive a Téhéran, la route du nord vers la Mer Caspienne est sublime, à travers des montagnes, j'aperçois les cimes enneigées du Mont Damavand à plus de 5600 m. Je dors dans un petit hôtel dans le bazar pour moins de 3 usd.


Décor dans le bazar.


Séance de zoor khooneh, danse-gymnastique traditionnelle en Iran rythmée avec de la musique traditionnelle par un petit orchestre.

Je reçois une fois de plus un excellent accueil à l'Ambassade de France à Téhéran. Le paquet contenant la boîte de vitesses et autres accessoires envoyé par Patrick, doit y arriver. Toutes les personnes de l'Ambassade sont très gentiles avec moi, Fadila au Service Consulaire, Monsieur le Premier Conseiller, Monsieur l'Attaché de Défense qui m'accorde un long entretien très intéressant sur la situation au Pakistan, en Afghanistan et au Tajikistan. Je rencontre Geoffroy, l'ami de Daniel, qui s'occupe de la réception du colis avec la plus grande gentillesse.

Entre temps, Daniel a bien reçu sa magnifique Africa Twin à Tashkent.

Il y a un nombre impressionnant de vieilles voitures à Téhéran, des Defender, Land Cruiser, des BMW 1602-18 02-2002, des Mercedes, des cox, des combi, des américaines. Un excellent marché pour choisir sa voiture pour faire un tour du monde !

Je suis maintenant au garage official BMW, je ne connaissais pas son existence, jusqu'à la rencontre avec deux bikers hollandais. Accueil exceptionnel ici, notamment de Monsieur Nouriani, le grand patron et Hamid, le grand mécanicien. Ils nous logent aussi. Les deux bikers hollandais se dirigent aussi vers l'Inde. 2 bikers allemands doivent arriver à Téhéran dans 2 jours, un autre biker est en Iran en avance sur nous, l'information vient du site Horizons Unlimited, le site de référence pour les bikers autour du monde. Nous allons peut-être nous organiser pour traverser le Pakistan ensemble.


Client dans une chay khooneh (maison de thé) avec son tassbih (bracelet traditionnel pour la prière).

J'aime beaucoup fréquenter les maisons de thé, fumer la pipe au tabac parfumé en lisant ou papotant avec les gens autour.

Ma recherche de sponsors continue, 2ème reponse négative de bmw france et quelques réponses négatives d'autres sociétés. Merci Maman de vous en occuper.

Je n'ai pas de contraintes par rapport aux voyageurs sponsorisés mais cela ne me dérangerait pas non plus d'avoir quelques sponsors, notamment bmw (pour les pièces et l'entretien dans le réseau mondial), un transporteur express (pour l acheminement des pièces).

J'attends donc le colis de Patrick avec impatience et nous allons commencer la maintenance de la moto ici au garage bmw.

Voilà, donc tout va bien, je vais faire une maintenance majeure de la moto ici, elle a plus de 33 000 kms depuis le départ, sans réel entretien global.


Séance de mécanique au sympathique atelier NOURIANI BMW IRAN avec Hamid, après la réception de la boîte de vitesses envoyée par Patrick, et tous les précieux conseils de mes amis internautes : AC, Dédé, Flatmaniac.

J'attends mon visa pour le Pakistan et l'Inde, grâce une fois de plus à l'aide de l'Ambassade de France, spécialement Fadila. Ces deux ambassades (Pakistan, Inde) demandent en effet étrangement une lettre de recommandation de son ambassade, qui est en fait une lettre d'authentification d'identité. J'ai appris d'ailleurs auprès de l'Ambassade de France que le passeport n'est pas une preuve d'identité, la carte d'identité est préférable.

La route de la soie, enfin en partie, est finie, c'était génial, aucun souci avec les locaux, les autorités locales, des gens super sympas, des paysages grandioses, peu de voyageurs individuels mais d'excellentes rencontres.

Voilà, cela fait maintenant 7 mois que j'ai quitté la France et le temps passe très très vite.

Je commence, enfin en partie, la route Istanbul vers Kathmandu, route historique des grands conquérants et des hippies dans les années 60-70.

Un voyageur francais, rencontré par hasard, m'a gentiment vendu le Lonely Planet Istanbul to Kathmandu, il est parfait. Au Pakistan, je verrai bien si je vais en Afghanistan et Tajikistan, en fonction des informations collectées au sein des Ambassades, organisations non gouvernementales (ONG), ONU, etc.

Je continue à mettre des informations pratiques concernant l'ex-URSS dans la rubrique appropriée.

L'Iran a une forte culture islamique, on s'en aperçoit tous les jours, dans les rues, en discutant avec les gens.

Le ramadan a commencé, on s'y fait au fur et à mesure, les restaurants ne sont pas ouverts, mais bon il est possible de grignoter, boire, fumer, pour ceux qui le souhaitent, il faut se cacher, se méfier de la police.

A bientôt,

<< Fin octobre  Novembre 2002   Décembre >>


[ Accueil | Présentation du voyage | Plus de photos | Infos pratiques | Liens | Mail ]